Alors que je parcourais les beaux sentiers de la vallée de l’Ouche en Côte d’Or, une camarade de marche, émerveillée par la beauté de la nature de cette belle journée printanière, s’exclama soudain:
«Nous sommes tout de même privilégiés en France d’avoir tout ça, tout ce qu’on a et que d’autres n’ont pas.» Je ne pus m’empêcher de lui répartir qu’il ne fallait pas envisager les choses de cette façon, mais à l’inverse, c’est-à-dire que ces soi-disant privilèges dont nous jouissons, bien modestes d’ailleurs, ne sont que choses naturelles: une pension de retraite plus ou moins importante, une voiture, un logement, la TV, cette possibilité de nous promener...Ce qui n’est pas naturel, c’est que beaucoup d’autres, en France comme dans le monde, ne jouissent pas de ce minimum.
Je n’ai pas plus insisté, mais j’aurais pu ajouter que beaucoup n’ont pas de quoi se nourrir, se soigner, éduquer leurs enfants, se cultiver, parce qu’une minorité possèdent 90 % de la richesse mondiale produite par 90% de ceux qui travaillent pour eux. C’est un peu schématique et manichéen, mais tout le monde me comprendra. Car en fait: 1% de la population mondiale est plus riche que les 99% restants, révèle un rapport accablant de l'Oxfam. Oxfam note que, depuis 2010, le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population mondiale s’est réduit de 1 000 milliards de dollars (baisse de 41%) , à l'inverse des "super-riches" dont les fortunes ont augmenté de 44%, soit quelque 500 milliards de dollars. Les 62 plus grandes fortunes possèdent désormais autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale - 3,5 milliards de personnes...[] De France également : Liliane Bettencourt (40,1 milliards de dollars, 10e position), Bernard Arnault (37,2 milliards de dollars, 13e position), Patrick Drahi (16 milliards de dollars, 57e), Serge Dassault (15,3 milliards de dollars, 62e position) apparaissent dans ce classement établi par le magazine "Forbes" en mars 2015[1].
[1] L’obs – 18 janvier 2016
Allain Graux