Édito de la semaine

Alors que de ronds-points en manifs l’insurrection citoyenne à l’œuvre attendait des réponses fortes pour permettre de boucler les fins de mois, il n’y aura pas d’augmentation des salaires, ni du SMIC, ni de dégel du point d’indice. Seules les primes de fin d’année exceptionnelles de pouvoir d’achat au bon vouloir des patrons et défiscalisées sont reconduites. Mais que valent-elles quand on sait qu’en janvier, seulement 12 % des entreprises en avaient versées ? Deux nouvelles tranches fiscales devraient s’ajouter mais Macron n’a toujours pas l’intention de s’attaquer aux inégalités. Les 1% les plus riches, ses premiers de cordée peuvent rester tranquilles. Ils ne seront pas appelés à plus de contributions à l’impôt. L’ISF ne sera pas restauré. La TVA, l'impôt le plus injuste socialement ne connaîtra aucune baisse, même sur les produits de première nécessité.

Maigre annonce que celle de la ré-indexation des retraites inférieures à 2000 € au 1er janvier. Depuis la censure du conseil constitutionnel en décembre, c’était déjà prévu. Quelle fausse annonce que celle de son refus de toute sous-indexation en 2021, car la mesure avait été votée que pour 2 ans (2019 et 2020). Mais surtout, Macron poursuit sa stratégie de division : les retraité.e.s aux pensions légèrement supérieures à 2000 € doivent-ils.elles se sentir riches ? Alors qu’ils.elles ont subi une ponction de leur revenu de 1,7% avec la hausse de la CSG, perdent encore autour de 1,5% de leur pouvoir d’achat avec la désindexation des pensions et payent toujours la taxe d'habitation ? Maron confirme par contre qu’il entend que le gouvernement s’engage pour l’augmentation de la durée de cotisation. Il se voudrait rassurant, affirmant que l’âge de départ à la retraite à 62 ans ne serait pas remis en cause, mais pour qui veut bien partir avec des pensions de misères… Le pire est à venir avec sa réforme prévue pour les retraites à points.

Dans son allocution, Macron a surtout déroulé les mensonges libéraux dans la lignée héritée de Sarkozy. Les Français.es travailleraient moins que les autres européen.ne.s et il faudrait donc qu’ils.elles travaillent plus. Mensonges ! Selon l’OCDE, les Français.es travaillent environ 1500 heures par an alors que les Allemand.e.s travaillent environ 1300 heures par exemple. L’urgence et le progrès social exigent au contraire de diminuer le temps de travail sur la semaine, le mois, l’année et la vie ! La productivité des travailleur.euse.s français.e.s est forte. Et rappelons-le sans relâche, la réduction du temps de travail, même imparfaite, autour des lois sur les 35h en 2000 est la seule qui ait créé des centaines de milliers d'emplois durant ces 20 dernières années !

Le pipeau s’est poursuivi sur les services publics. Alors que nombre d’écoles sont aujourd’hui mobilisées contre les lois Blanquer, sa promesse de classes à 24 élèves en grande section de maternelle, CP et CE1 partout en France est une intox qui ne passera pas. Dans nombre de départements, les dédoublements promis n’auront pas lieu faute de profs. Alors qu’il faudrait créer au moins 10 000 postes, le Ministre de l’éducation nationale vient d’en supprimer 1000 au concours de professeur des écoles ! Et que dire de l’hôpital public qui connaît tant de suppressions de services - telles que les maternités - de regroupements forcés, des crises aux urgences du fait des sous-effectifs ? Aucune fermeture ne sera prévue… sans l’accord des maires. Dans un contexte de contractualisation des collectivités locales, c’est à dire de mise sous tutelle de Bercy des budgets municipaux, et de maintien de l’objectif de suppression de 120 000 fonctionnaires, combien s’opposeront durablement à la poursuite de la casse de nos services publics ? L’annonce même des « maisons de services au public » par canton n’augure rien de bon en la matière...

Initialement Macron n’avait rien de prévu sur le climat. Dans les fuites organisées de son discours initialement prévu avant l’incendie de Notre Dame, c’était flagrant. Mais sa prise en compte se limite à la création d’une convention, qui fera des propositions, qui seront proposées au parlement, qui en débattra et votera un texte, ou pas… pour qu’à la fin du mandat ou après, on commence à se préoccuper de l’urgence climatique... Macron est bien à la tête de la « République des pollueurs » comme le dénonçait la mobilisation historique si peu relayée par les médias, où 2030 citoyen.ne.s à l’initiative de Greenpeace, d’ANVCOP21 et les Amis de la terre ont bloqué, lors de la plus grande action de désobéissance civile en France, les sites de Total, de la Société Générale, d’EDF et du Ministère de la transition écologique pendant plus de 10h à la Défense ! Les lobbys pollueurs de Vinci and Co peuvent rester tranquilles s’ils étaient seulement quelque peu inquiétés : le gouvernement n’engagera aucune redéfinition de sa politique en la matière.

Super-monarque des riches et des lobbys, Macron ne lâche donc rien. Et surtout pas sur les questions démocratiques. Pas question d’instaurer un référendum d’initiative citoyenne ni même de reconnaître le vote blanc. Une petite dose de proportionnelle est concédée mais assortie d’une réduction du nombre de député.e.s comme si celle-ci pouvait accorder plus de démocratie ! L’annonce de la suppression de l’ENA est une belle tartufferie quand on sait son objectif non pas de s’attaquer au pantouflage mais bien à la fonction publique d’Etat. Par contre, comme il l’avait fait lors du lancement du grand débat national, il n’a pas omis d’instrumentaliser la question migratoire pour poursuivre sa pente électoraliste vers l’extrême droite.

Le 26 mai dans les urnes pour les européennes ! Il nous reste pile un mois avant ce scrutin essentiel : toute la politique de classe de Macron au service de l’oligarchie financière est en totale cohérence avec l’ordolibéralisme européen qui dicte, par ses traités, ces politiques antisociales et antiécologiques. Le seul argument de la liste LaREM, autoproclamée comme pseudo rempart contre l’extrême droite, s’effondre face au passé non assumé de leur tête de liste. Notre liste, elle, la seule qui assume la sortie de ces traités. L’urgence est à l’insoumission contre les traités austéritaires et les lobbys, pour la règle verte et le protectionnisme solidaire !

 

Extraits de : Danielle Simonnet

Budget 2019 : La casse de notre modèle social !

Six milliards d’Euros de baisse d’impôts pour les ménages : c’est en ces termes que le gouvernement a présenté son budget pour 2019. Selon l’OFCE, en intégrant les coupes sur les retraites, sur les prestations familiales, sur les APL, les 6 milliards prétendument redonnés aux français baissent de moitié. Par ailleurs, la baisse de 8.5% du budget des collectivités locales va lourdement amputer les budgets des communes et remettre en cause les services publics locaux qui disparaîtront ou seront payants ou augmenteront leur tarif : les crèches, les bibliothèques, les centres de loisirs et sportifs…

C’est dans les services publics qu’aura lieu la plus grande saignée : ainsi l’administration des finances publiques qui a déjà perdu 30 000 emplois en dix ans perdra encore 2 227 postes alors que la fraude et l’évasion fiscales sont désormais estimées à 100milliards d’euros. À l’Education nationale c’est 3 600 postes sui seront supprimés « compensés » par des heures supplémentaires dont une 2e heure obligatoire dont la majoration est passée à 10% au lieu de 25% ! Au ministère du travail 100 000contrats aidés seront supprimés ainsi que 800 postes à Pôle emploi et 585 postes à l’AFPA (formation professionnelle des adultes) ; Au ministère des sports c’est 30 millions d’euros en moins. Pourtant le sport est essentiel à la solidarité collective. Il est un investissement social d’avenir avant d’être une dépense.

L’aide personnalisée au logement, les allocations familiale et les pensions de retraite seront désindexées de l’inflation : 0,3% par an en 2019 et 2020 contre environ 1,6% pour l’inflation.

Muriel Pénicaud, la ministre du travail préconise la modification de la base de calcul permettant de baisser les allocations aux chômeurs et la remise en cause du cumul possible entre l’allocation d’aide au retour à l’emploi et une rémunération.

Le symbole le plus marquant est le dépeçage de la Sécurité sociale : Le gouvernement cessera à partir de l’an prochain de compenser intégralement au budget de la Sécurité sociale les exonérations de cotisations sociales qu’il lui impose. Les baisses des cotisations qui représentaient jusqu’à aujourd’hui 46,5 milliards atteindront 72 milliards en 2019 qui seront offerts aux actionnaires. Jusqu’à aujourd’hui, un euro offert aux employeurs était compensé par un euro de l’État, via les impôts. Ainsi, l’Etat garantissait que la Sécurité sociale continue à indemniser les malades, les retraités, les chômeurs et les accidentés malgré une baisse des recettes.

En 1946, les créateurs de la Sécurité Sociale avait fait le choix fondamental de séparer la Sécurité sociale de l’État car ils redoutaient que les gouvernements ne mettent la main dans la caisse. 70 ans plus tard ce compromis fondateur est en train de voler en éclats. C’est notre modèle social qui est menacé.

Rappelons enfin que la suppression de l’ISF va soustraire au pays 16 milliards sur le quinquennat et qu’en 2019, l’État payera 20 milliards d’euros de remboursements sur l’impôt de 2018 et 20 milliards d’euros de baisses sur les cotisations patronales de 2019, soit 40 milliards d’euros qui seront offerts aux actionnaires.

Patricia MARC

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À la suite de l’affirmation péremptoire de Macron : «Versailles, c’était là où la République s’était retranchée quand elle était menacée », il n’est pas inutile de revenir sur les leçons que nous ont enseignées les communards.

Macron l’illégitime s’affirme comme le fils spirituel d’Adolphe Thiers, le boucher de la Commune !

Ce dernier déclencha la Semaine sanglante du 21 au 28 mai 1871. Il lâcha sur Paris l’armée des « Prussiens de

Versailles ». Ces prisonniers de guerre libérés par les Allemands à la demande de Thiers firent « au moins 100 000 morts » selon Louise Michel (1), dont voici quelques citations : « Plutôt 100 000 que 35 000 cadavres furent étendus dans le cadre de pierre des fortifs (…).Il fallait faire disparaître les cadavres, les lacs des buttes Chaumont rendaient les leurs, ils flottaient ballonnés à la surface (…).

Quelques enfants, sur les bras des mères, étaient fusillés avec elles, les trottoirs étaient bordés de cadavres (…).

Bientôt de la caserne Lobau le sang en deux ruisseaux s’en alla vers la Seine ; longtemps il y coula rouge. »

Mon cœur tressaille devant cette horreur, mais mon esprit s’oblige à analyser la phrase du monarque de la Ve République.

Pourquoi Macron lâche-t-il son attachement à la cause versaillaise ?

L’oligarchie aurait-elle soudain la terreur de voir bientôt ressurgir les classes populaires sur le devant de la scène du pouvoir ?

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http://allaingraux.over-blog.com/preview/d6156f2f24b8694cd5fdaca1cf3fa9b872ff380b

Cordialement
Allain Graux

Je viens d’entendre la ministre Muriel Péricaud sur France Inter présenter les orientations des réformes sur le droit du travail, les retraites, le chômage qui constituent les objectifs principaux de cette présidence Macron. Car, sinon pourquoi procéder en priorité, aussi vite et par ordonnances ?  Il s’agit de profiter de l’été, des vacances pour éviter tout mouvement social important contre ce qui constitue la plus redoutable atteinte aux droits des travailleurs acquis par un siècle de luttes. Tout serait réduit à néant en quelques mois pour satisfaire un MEDEF qui est bien le seul à se féliciter des supposées propositions qui seraient adoptées. C’est déjà une indication sur le sens profond de ces réformes qui satisfont le patronat. Car pour le reste, c’est l’enfumage le plus total : la ministre prononce des mots, allonge des phrases sans contenu précis et concret, tout-à-fait dans la ligne de la campagne de Macron : la confusion et l’illusion.

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Alors que je parcourais les beaux sentiers de la vallée de l’Ouche en Côte d’Or, une camarade de marche, émerveillée par la beauté de la nature de cette belle journée printanière, s’exclama soudain:

«Nous sommes tout de même privilégiés en France d’avoir tout ça, tout ce qu’on a et que d’autres n’ont pas.» Je ne pus m’empêcher de lui répartir qu’il ne fallait pas envisager les choses de cette façon, mais à l’inverse, c’est-à-dire que ces soi-disant privilèges dont nous jouissons, bien modestes d’ailleurs, ne sont que choses naturelles: une pension de retraite plus ou moins importante, une voiture, un logement, la TV, cette possibilité de nous promener...Ce qui n’est pas naturel, c’est que beaucoup d’autres, en France comme dans le monde, ne jouissent pas de ce minimum.

Je n’ai pas plus insisté, mais j’aurais pu ajouter que beaucoup n’ont pas de quoi se nourrir, se soigner, éduquer leurs enfants, se cultiver, parce qu’une minorité possèdent 90 % de la richesse mondiale produite par 90% de ceux qui travaillent pour eux. C’est un peu schématique et manichéen, mais tout le monde me comprendra. Car en fait: 1% de la population mondiale est plus riche que les 99% restants, révèle un rapport accablant de l'Oxfam. Oxfam note que, depuis 2010, le patrimoine de la moitié la plus pauvre de la population mondiale s’est réduit de 1 000 milliards de dollars (baisse de 41%) , à l'inverse des "super-riches" dont les fortunes ont augmenté de 44%, soit quelque 500 milliards de dollars. Les 62 plus grandes fortunes possèdent désormais autant de richesses que la moitié la plus pauvre de la population mondiale - 3,5 milliards de personnes...[] De France également : Liliane Bettencourt (40,1 milliards de dollars, 10e position), Bernard Arnault (37,2 milliards de dollars, 13e position), Patrick Drahi (16 milliards de dollars, 57e), Serge Dassault (15,3 milliards de dollars, 62e position) apparaissent dans ce classement établi par le magazine "Forbes" en mars 2015[1].

[1] L’obs – 18 janvier 2016

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Allain Graux