A l’hôpital aussi, travailler tue !

Depuis le début des années 2000, les logiques libérales sont à l’œuvre dans l’hôpital public comme dans tous les secteurs. « Compétitivité, rentabilité, rationalisation » sont devenus les mots d’ordre de la gestion « moderne » du service public de santé. Derrière ces mots paravents, c’est bien l’austérité qui a été organisée à l’hôpital ; les restrictions budgétaires (encore 5 milliards « d’économie » exigée par le gouvernement pour 2014-2017) ont des incidences directes sur l’offre de soin mais aussi sur les conditions de travail à l’hôpital. Par ailleurs, on a organisé la « mise en faillite » de l’hôpital public en instaurant la tarification à l’activité, pour le plus grand bénéfice des cliniques privées, accentuant par là-même une offre de soin à deux vitesses (pas tant en qualité qu’en terme de délai et de coût pour les patients).

Les infirmiers et infirmières sont en première ligne pour accueillir les patients, prendre soin d’eux tout en gérant les restrictions budgétaires, la baisse des effectifs, les manques de lits ou de matériels, les heures supp qui se multiplient à longueur d’année… Epuisement et précarité, deux mots qu’on a du mal à associer à des « fonctionnaires », ces officiants du service public tant décriés à longueur d’année. Mais au-delà des constats et des reproches, il est des conséquences humaines quotidiennes que l’on ne mesure jamais dans les études comptables des ministères. Cet été, 5 infirmiers et infirmières se sont suicidés. A l’hôpital aussi, travailler tue !

Écoutons Isabelle, infirmière retraitée et précaire, nous montrer cet envers du décor que les patients ne voient pas grâce au professionnalisme et à l’humanité de ces fonctionnaires de santé, et que les technocrates et gouvernants ignorent par idéologie et déconnexion des réalités humaines.

« Leurs suicides me parlent et m'affectent énormément car je me revois vers 40 ans, après déjà 20 ans à temps plein à l'hosto (dont 14 ans de nuit ! ), à être obligée de prendre du temps partiel pour continuer de tenir debout, ne pas tomber dans la maladie grave ou, pire, le suicide qui m'a effleurée également , et finalement continuer de soigner... Il restait encore 20 ans à travailler et ce 1/2 temps que j'ai dû prendre pour tenir le coup encore 20 ans ( comme tant de mes collègues, mais le public ne le sait pas ! ) était un " 1/2 temps de survie" et non pas un " 1/2 temps de confort" ! Cette nécessité vitale (et non pas ce " choix" !! ) de prendre du temps partiel pour pouvoir continuer de bosser jusqu'à la retraite...entraîne pour les soignants de vivre des années avec un salaire au Smic et pire ! arriver à la retraite essorés, usés, vraiment épuisés, pour constater que leur retraite est une retraite de misère ( en dessous de 1000 euros très souvent ! ) qui ne tient pas en compte des centaines d'heures Sup, jamais rendues, jamais payées mais cependant bien effectuées en réel tous les jours sur toute leur carrière. »

Face à cette logique néo-libérale, l’insoumission est une nécessité, une question éthique, humaniste, mais aussi d’abord de survie. La seule logique qui tienne pour gérer tous ensemble nos biens communs, comme le système de santé, c’est l’Humain d’abord!

Le parti de gauche de Côte d'Or.