L’impôt, les dépenses publiques et la lettre de l’Elysée
L’impôt est au cœur de notre solidarité nationale, écrit M. Macron comme premier sujet du Grand débat national qu’il a organisé, avec pour objectif de « calmer la colère » des Gilets jaunes qui manifestent chaque samedi depuis deux mois et débattent dans la froidure hivernale sur les Ronds-points. Car c’est lui, l’impôt qui finance nos services publics, qui rémunère les professeurs,, pompiers, policiers, militaires, magistrats infirmières et tous les fonctionnaires qui œuvrent à votre service. Ça commence plutôt bien, poursuivons : Il permet de verser aux plus fragiles, des prestations sociales. Là, ce n’est plus tout-à-fait juste, il a tendance à confondre impôt et cotisations sociales le Président. Pas étonnant si on se rappelle qu’il ne cesse – comme ses prédécesseurs - de piquer nos cotisations, c’est-à-dire une partie de nos salaires, différés pour assurer une redistribution sociale afin de nous soigner (santé), élever nos enfants sans discrimination (allocations familiales), vivre convenablement en retraites, continuer à survivre en cas de perte d’emploi (cotisation chômage), pour en faire cadeau aux patrons afin de leur permettre de ne pas augmenter les salaires. Par contre, les gros actionnaires, les riches, eux touchent plus de bénéfices de dividendes qui sont de moins en moins imposés. Ils n’investissent pas pour autant, le ruissèlement va surtout à la spéculation, ou se faire bronzer dans les paradis fiscaux.
L’impôt est-il trop élevé ? Ou injustement prélevé ?
Et dans la suite du discours, ça se gâte vraiment : l’impôt trop élevé, prive notre économie des ressources qui pourraient utilement s’investir dans les entreprises, créant ainsi de l’emploi.
Ben non ! Justement, elles n’investissent pas. Et, si l’Etat manque de ressources pour payer ses dettes et financer les services publics, c’est justement parce qu’il n’a cessé de dégrever les impôts pour les plus riches. Non seulement les multinationales paient moins que les PME, les artisans et commerçants, alors qu’elles profitent plus, et les GAFA (Google, Apple, Facebook et Amazon.) alors là, c’est le pompon. Pour les chiffres, voyez le rapport d’Oxfam. Et puis, même sur le revenu, auparavant il y avait 12 tranches dont une à 65 %. On a diminué le nombre de tranches à 5 et ramené le taux d’imposition pour les revenus supérieurs à 153 783 euros à 45 %.
Et puis, si les entreprises n’investissent pas, faute de commandes suffisantes, ne serait-ce pas parce que les salaires sont insuffisants, que le pouvoir d’achat baisse et donc que les consommateurs consomment moins...
Baisser les impôts et les services publics ? Alors, il faudrait augmenter les salaires pour s’offrir des services privés...
Et plus loin, que dit-il, Macron Emmanuel ? Quels impôts faut-il baisser en priorité ? Faut-il supprimer certains service publics qui seraient dépassés ou trop cher ? N’est-il pas à côté de la plaque le Président ? Supprimer des Services publics, alors que justement le ressenti de la population, c’est qu’ils se détériorent, qu’ils ne profitent pas à tous comme l’exige notre constitution républicaine. Tout le monde connaît la détérioration de nos services hospitaliers, de nos maisons de retraite, le manque d’enseignants, d’infirmières, de transports publics, de logements sociaux, l’indigence de la justice et des prisons. Il faut donc plus de ressources pour améliorer ces services. Et nous savons où trouver l’argent : pas dans nos poches trouées, mais chez les actionnaires, les GAFA, les multinationales, les paradis fiscaux, les niches fiscales, les banques.
Ce que veulent les Gilets Jaunes, et pas seulement eux, mais la majorité des citoyens, c’est LA JUSTICE FISCALE.
Et vous n’en prenez pas le chemin M. Macron, Car ce que vous envisagez, c’est de diminuer, encore, les retraites, les allocations chômage. Vous allez satisfaire le MEDEF, et M. De Bézieux qui déclare dans France Stratégie, que le meilleur scénario consisterait à : préserver certaines dépenses jugées prioritaires (éducation, défense, justice, investissements en faveur de la transition écologique et énergétique, mais à restructurer le système de soins pour diminuer légèrement les dépenses de santé et surtout couper dans les prestations sociales, notamment le retraites, qui représentent 3,4 points de PIB de plus que la moyenne européenne.
C’est le progrès, au nom de l’Europe, pour s’aligner sur le moins disant social. Cette Europe-là, nous n’en voulons pas. Ne serait-ce pas plus sérieux de mettre en œuvre une politique économique et sociale qui permettre une vie plus confortable, des jours heureux comme le proposait le programme du Conseil nationale de la Résistance auquel nous dévons la Sécurité Sociale que les peuples du monde entier nous envie ? Demandez aux prolétaires américains et aux travailleurs britanniques ce qu’ils en pensent, contraints de travailler à cause de pensions de retraite insuffisantes pour vivre la avec leur système par capitalisation.
C’est pourtant ce que propose le patronat, depuis longtemps et que vous mettez doucettement en œuvre M. Macron, mine de rien : un panier de soins réduit au minimum, des mutuelles (de moins en moins payées par les employeurs, comme au Royaume-Uni, où les entreprises n’assurent plus ce service depuis Thatcher) pour ceux qui peuvent la payer ou l’obtenir, puis les assurances privées. C’est cela qu’elles visent les assurances privées, car il y a un pognon de dingue à récupérer ! Plus que le budget de l’Etat...
Le Débat ! Quel débat ?
C‘est un spectacle que vous nous proposez M. le Président, du théâtre, une pièce chaque semaine. Car les spectateurs de théâtre sont un public qu’il est possible de tromper par les apparences du spectacle offert, comme au temps de la monarchie absolue, sous Louis le XIVème. Et puis, le théâtre n’est-il pas une farce ? Dans ce cas, le Grand débat est à ranger sur l’étagère des accessoires, au rayon farces et attrapes de la droguerie macronienne. Comme en 2017, il s’agit d’entretenir l’illusion démocratique, dans la plus totale confusion : « Les mots sont mystificateurs, les intentions toujours masquées » (Maximilien de Robespierre).
Les ennemis du peuple, cependant se découvrent et apparaissent dans leur nudité crue. Le « dégagisme » ne s’est pas achevé avec la présidentielle. Cette élection n’en a été que le prélude qu’il convient de poursuivre par l’action et les prochaines échéances, dans les urnes comme dans la rue.
S’il faut diminuer le nombre de parlementaires, ce n’est pas le nombre des députés qu‘il faut amputer mais le sénat qu’il faut supprimer.
Pour se faire, par son action, chaque citoyenne, chaque citoyen est une sentinelle de nos libertés pour donner la Vertu à notre représentation et pour passer à la prochaine étape : l’Assemblée Constituante pour la VIème République.
Allain Graux
le 22 .01.2019