Budget 2019 : La casse de notre modèle social !
Six milliards d’Euros de baisse d’impôts pour les ménages : c’est en ces termes que le gouvernement a présenté son budget pour 2019. Selon l’OFCE, en intégrant les coupes sur les retraites, sur les prestations familiales, sur les APL, les 6 milliards prétendument redonnés aux français baissent de moitié. Par ailleurs, la baisse de 8.5% du budget des collectivités locales va lourdement amputer les budgets des communes et remettre en cause les services publics locaux qui disparaîtront ou seront payants ou augmenteront leur tarif : les crèches, les bibliothèques, les centres de loisirs et sportifs…
C’est dans les services publics qu’aura lieu la plus grande saignée : ainsi l’administration des finances publiques qui a déjà perdu 30 000 emplois en dix ans perdra encore 2 227 postes alors que la fraude et l’évasion fiscales sont désormais estimées à 100milliards d’euros. À l’Education nationale c’est 3 600 postes sui seront supprimés « compensés » par des heures supplémentaires dont une 2e heure obligatoire dont la majoration est passée à 10% au lieu de 25% ! Au ministère du travail 100 000contrats aidés seront supprimés ainsi que 800 postes à Pôle emploi et 585 postes à l’AFPA (formation professionnelle des adultes) ; Au ministère des sports c’est 30 millions d’euros en moins. Pourtant le sport est essentiel à la solidarité collective. Il est un investissement social d’avenir avant d’être une dépense.
L’aide personnalisée au logement, les allocations familiale et les pensions de retraite seront désindexées de l’inflation : 0,3% par an en 2019 et 2020 contre environ 1,6% pour l’inflation.
Muriel Pénicaud, la ministre du travail préconise la modification de la base de calcul permettant de baisser les allocations aux chômeurs et la remise en cause du cumul possible entre l’allocation d’aide au retour à l’emploi et une rémunération.
Le symbole le plus marquant est le dépeçage de la Sécurité sociale : Le gouvernement cessera à partir de l’an prochain de compenser intégralement au budget de la Sécurité sociale les exonérations de cotisations sociales qu’il lui impose. Les baisses des cotisations qui représentaient jusqu’à aujourd’hui 46,5 milliards atteindront 72 milliards en 2019 qui seront offerts aux actionnaires. Jusqu’à aujourd’hui, un euro offert aux employeurs était compensé par un euro de l’État, via les impôts. Ainsi, l’Etat garantissait que la Sécurité sociale continue à indemniser les malades, les retraités, les chômeurs et les accidentés malgré une baisse des recettes.
En 1946, les créateurs de la Sécurité Sociale avait fait le choix fondamental de séparer la Sécurité sociale de l’État car ils redoutaient que les gouvernements ne mettent la main dans la caisse. 70 ans plus tard ce compromis fondateur est en train de voler en éclats. C’est notre modèle social qui est menacé.
Rappelons enfin que la suppression de l’ISF va soustraire au pays 16 milliards sur le quinquennat et qu’en 2019, l’État payera 20 milliards d’euros de remboursements sur l’impôt de 2018 et 20 milliards d’euros de baisses sur les cotisations patronales de 2019, soit 40 milliards d’euros qui seront offerts aux actionnaires.
Patricia MARC